L'otobio de monsieur Chevillard, Éric

Depuis 2007, monsieur Chevillard, Éric, déclare une activité autofictive dans les lumières scintillantes des blogs cybernétiques. D'abord sur cette plate-forme, qui semble être une petite start-up française basée à Toulouse, puis Éric à migré vers le far West en allant héberger son petit carnet de haïkus chez nos amis les Gafa puisqu'il a confié les clés de son blog à Google. Enfin, depuis 2007, Éric Chevillard publie des pensées extimes dès 00h02. Faut pas rater ça. Enfin moi, ça dépend de l'heure mais tous les jours,  j'ai ma petite dose d'ironie et de petites cruautés. Oui, j'aime bien ça,  surtout pour connaître un peu un point de vue sur l'état  de la planète,  ça me préoccupe aussi. Donc, après s'être déclaré autofictif sur le net et sur le papier chez l'Arbre vengeur,  voilà que monsieur Chevillard a publié en 2020 au début du confinement covidaire  Monotobio,  chez Minuit, son éditeur et aujourd'hui éditrice  historique. Écrit à l'aide certainement de ces réflexions extimes quotidiennes qui invitent la lectrice et le lecteur à suivre l'auteur dans sa vie trépidante menée tambour battant,  et pourtant sans clairons ni trompettes. Un roman autofictif avec deux naissances, deux morts, des enterrements, des dîners avec des auteurs du chaud biz littéraire ou de simples amis adeptes d'Éric et de sa famille. Sans oublier les problèmes de plomberie avec l'arrivée du plombier dont le sourire légendaire se vérifie par l'arrière.  Enfin bref, des événements consignés pour dix années d'une vie qui est passée à la vitesse de l'éclair, comme beaucoup de gens qui vieillissent le disent, surtout quand vient la retraite, comme me l'a confié récemment Catherine, la secrétaire de l'agence. (Ouh la la, c'est passé à une vitesse m'avait-elle dit). Un simple constat pour une succession de faits et de non faits qui n'appartiennent qu'à Éric et aux siens  et aussi un peu aux autres car on le sent bien, tout change et rien ne bouge. Un roman éminemment brillant que  d'aucun compare à la fameuse recherche proustienne.  Dans ce livre, mémoire,  il y a, c'est indéniable. Le plus remarquable,  c'est la langue et une écriture qui n'appartiennent qu'à monsieur Chevillard (bon, j'avoue,  parfois il faut faire ok Google, je n'ai pas son vocabulaire et ma philosophie n'est pas loin de celle chantée par Amel Bent ). C'est juste aussi fulgurant que la vie, ironique et narquois comme il se doit avec Chevillard,  parfois tendre,  enfin un peu, et aussi cruel que l'existence humaine. Lu d'une traite,  en une nuit,  avec des paragraphes qui se suivent pour écrire une seule et même phrase, avec des points et une seule ligne. Ainsi en est-il de cette Otobio. Plongeons-nous maintenant dans Sine Die (L'arbre vengeur) vu que tout bouge  et rien ne change.