CHRISTIAN OSTER - Dans la cathédrale

Il y a des auteurs que l’on reconnait à cela, c’est qu’ils ont un univers. Mêmes schémas, mêmes thèmes et pour autant, ils n’écrivent jamais la même histoire. « Dans la cathédrale » de Christian Oster n’échappe pas à la règle. Le narrateur, chroniqueur dans un journal de Beauce, décide une incursion au pays des grands céréaliers pour voir son rédacteur en chef. Là encore, l’anti héros se laisse porter par le courant, par des évènements qui arrivent comme une incongruité dans sa vie. L’irruption du hasard, de profondes réflexions qui font des atermoiements du personnage principal des lignes très drôles. Il y a quelques scènes d’anthologie dans ce nouveau roman de Christian Oster : une rencontre inopinée avec un agriculteur qui rend le citadin bien burlesque, une scène de moisson fort truculente, une opinion très tranchée sur la construction de la cathédrale de Chartres pas piquée des vers, et de belles lignes de description de la Beauce d’une justesse confondante. Si l’on peut résumer la vie et la psychologie d’un héros de Christian Oster, ce peut être consigné dans ces quelques phrases : « Il y avait là aussi une radio que j’avais branchée sur une station d’informations, et j’avais écouté un bout de journal aux environs de vingt heure quinze, apprenant qu’en France la situation s’aggravait et que ça s’enflammait ailleurs. J’en pris bonne note, mais je n’étais plus dans la course. Je ne l’avais d’ailleurs jamais été vraiment, ma vie s’était révélée trop prenante, j’étais passé d’un état d’âme à l’autre sans jamais rien régler et ça m’avait pris un temps fou, même si j’avais cherché, à l’occasion, à élargir le trou d’où je n’avais pas eu la force de sortir. Je ne me méprisais pas pour autant. Sur moi, je n’avais pas d’opinion tranchée. Sur d’autres, si. »

Encore une fois, dans ce roman de Christian Oster, il y a un homme qui tombe amoureux d’une femme, et le dénouement arrive à la fin. Il faut donc lire Dans la cathédrale afin de dévorer un petit bijou d’humour et d’autodérision, où le hasard, l’incongruité, le voyage, les itinéraires sont autant de moyens pour arriver à un seul et même but : l’amour.